
Commune de Dealy : une collectivité en détresse, un maire dans le déni
La commune de Dealy, nichée au cœur de l’arrondissement de Sagatta Djolof, dans le département de Linguère, souffre d’une marginalisation structurelle entretenue par une gestion cabalistique, centralisée et profondément inéquitable. Pendant que certains villages sont systématiquement oubliés, les besoins vitaux des populations sont ignorés dans un silence institutionnel inquiétant.
- Le drame du manque d’eau potable : une urgence humaine ignorée
Des villages entiers – Darou Salam Sérère, Wandé, Ngohé Djilof, Thiedo, Feri Alah, Darou Khoudoss – vivent quotidiennement le supplice du manque d’eau. Des femmes parcourent des kilomètres à la recherche de ce bien vital. Dans ces localités, l’hydraulique rurale est soit inexistante, soit abandonnée, sans suivi ni maintenance.
➡ Solutions :
Réaliser de nouveaux forages équipés de pompes solaires.
Réhabiliter les anciens puits et forages.
Mettre en place des comités villageois de gestion de l’eau, en collaboration avec l’OFOR.
Élaborer une carte hydraulique communale pour assurer une couverture équitable.
- Éducation sacrifiée : une jeunesse sans repères ni avenir
Aucun lycée n’existe dans la commune. Les élèves doivent parcourir de longues distances, souvent dans des conditions inhumaines, pour étudier ailleurs. Il n’existe aucune structure de formation professionnelle ou technique, dans une zone pourtant riche en talents agricoles, artisanaux et pastoraux.
➡ Solutions :
Créer un lycée de proximité au niveau de Dealy chef-lieu.
Établir des centres de formation aux métiers de l’agriculture, de l’élevage, de la mécanique rurale ou de l’artisanat.
Mettre en place des partenariats avec l’ONFP, les ONG et le secteur privé local pour financer ces initiatives.
- Un poste de santé dépassé : un plateau technique à bout de souffle
Le poste de santé de Dealy, seul recours pour des milliers de citoyens, souffre d’un plateau technique rudimentaire, sans ambulance, sans équipement moderne, sans pharmacie digne de ce nom.
➡ Solutions :
Rénover et équiper le poste avec du matériel médical de base : table d’accouchement, réfrigérateur pour vaccins, équipements d’urgence.
Affecter du personnel qualifié et assurer la dotation régulière en médicaments essentiels.
Instaurer des journées de consultations spécialisées mensuelles en partenariat avec des médecins bénévoles.
- L’électricité, toujours une promesse jamais tenue
Une grande partie des villages reste dans le noir, malgré les discours officiels. Sans courant, il n’y a ni réfrigération, ni éducation numérique, ni développement économique local.
➡ Solutions :
Étendre l’électrification rurale par le solaire, avec l’appui de l’ASER.
Cibler les zones productives (transformation, conservation) comme prioritaires.
Créer des mini-réseaux hybrides pour alimenter plusieurs hameaux à la fois.
- Une absence criante de programme d’investissement communal
Depuis plusieurs années, aucun plan d’investissement structurant n’est connu des citoyens. Les ressources sont concentrées au niveau du chef-lieu, au détriment des autres villages.
➡ Solutions :
Élaborer et rendre public un Plan Communal de Développement (PCD) participatif.
Assurer une équité territoriale dans l’allocation des ressources.
Organiser chaque année un Conseil communal décentralisé dans un village différent, pour garantir l’écoute de tous.
- Une gouvernance opaque et clanique : la commune prise en otage
Le maire actuel a transformé l’institution municipale en outil de gestion cabalistique, sans transparence, sans redevabilité, sans équité. Les conseils municipaux sont rares, les populations exclues de toute décision.
➡ Solutions :
Instaurer la publication trimestrielle du budget communal et des dépenses.
Mettre en place un observatoire citoyen de la gestion communale.
Favoriser l’accès des jeunes et femmes aux instances consultatives et décisionnelles locales.
Conclusion : Dealy mérite mieux qu’un silence complice
La commune de Dealy n’a pas un problème de ressources humaines ou de potentiel. Elle a un problème de volonté politique. L’inaction actuelle n’est pas de l’ignorance : c’est un choix, un mépris des principes de justice territoriale et d’égalité républicaine.
Face à cela, les citoyens ne doivent plus se taire. Il est temps de réclamer une gouvernance responsable, équitable et transparente, à la hauteur des aspirations de nos villages.
Car un maire qui refuse d’investir dans l’avenir est un maire qui enterre l’espoir vivant de tout un peuple.
Cheikh Mbacke Faye consultant en Communication diplomatique et relations internationales spécialiste en Management des Projets de développement
